
En parcourant quelques courts documentaires sur le réalisateur, j'ai entendu une expression qui me semblait correspondre exactement à ce film : celle de réalisme poétique. Dans Hôtel du Nord, rien des grandes histoires et des épopées collectives : on se trouve au carrefour de plusieurs vies, des petites vies de petites gens, d'âmes de passage, qui s'égarent un instant près du canal St-Martin. Petits drames personnels, joies faciles, beaucoup de douleurs, gommées par le destin qui suit son cours. Le film est porté par deux couples : le premier ouvre et clos le film, en arrivant et en quittant les abords de l'Hôtel. Ce sont de jeunes premiers tout ce qu'il y a de plus ordinaires, le souhait de mourir en plus, parce que sinon, il faudrait recommencer à vivre, quelle corvée ... Et puis il y a ce couple haut en couleurs, le mariage entre le regard glacé de Louis Jouvet, qui rêve de changer d'air, et la voix d'Arletty teintée de l'accent des boulevards. Une Garance encore plus haute en couleur, et qui semble déjà nous dire : Je ne suis pas belle, je suis vivante, c'est tout.
On rit beaucoup, des mots qui s'échangent, et des jeux sur la langue - ou quand l'argot des faubourgs se met à jongler avec la poésie. Et pour nous exposer ces tristesses quotidiennes, ces petits bonheurs de rien, Marcel Carné nous livre un film tout en échos, construit comme un poème, encadré par l'arrivé et le départ de nos suicidaires amoureux, et leurs échecs respectifs - tentatives d'abandon. La fin m'a fait penser, un peu, à celle des Enfants du Paradis. Ce même décalage, entre le drame intérieur, et une foule en fête, le même effacement, parmi les anonymes - Baptiste disparaît parmi les Pierrots en liesse, et le coup de feu qui assassine Robert se perd dans les bruits de pétards, en plein quatorze Juillet. Personnage fascinant, que ce Robert, qui fut Paulo, qui fut Edmond - un homme qui a changé d'identité, et s'est un peu perdu lui-même, pendant des années. Il fallait sortir du quotidien, courir après une promesse, pour retrouver la première identité, l'homme tout neuf, celui qui a pas beaucoup servi mais comme le rendez-vous manqué avec la mort par les deux amoureux, Robert reviendra chercher celle qu'il aime, au lieu de larguer les amarres vers d'autres atmosphères.
C'est drôle, au final, parce que ce que j'avais toujours vu comme un film poussiéreux, m'a semblé une oeuvre particulièrement vivante, où ça parle beaucoup, où ça bouge sans cesse. Il y a quelque chose d'immensément triste, dans ce film, quand on y pense, et sur le coup, on ne cesse de sourire ... Et en passant, on effleure ces thèmes éternels de l'identité, de l'amour impossible - ou pas - , de la culpabilité et des trahisons humaines. Il y avait quelque chose de rafraîchissant, à plonger dans ce film - que j'ai d'ailleurs revu quelques jours après l'avoir découvert. Conclusion facile : idéal pour changer d'atmosphère - Eh oui, nous aussi.
On rit beaucoup, des mots qui s'échangent, et des jeux sur la langue - ou quand l'argot des faubourgs se met à jongler avec la poésie. Et pour nous exposer ces tristesses quotidiennes, ces petits bonheurs de rien, Marcel Carné nous livre un film tout en échos, construit comme un poème, encadré par l'arrivé et le départ de nos suicidaires amoureux, et leurs échecs respectifs - tentatives d'abandon. La fin m'a fait penser, un peu, à celle des Enfants du Paradis. Ce même décalage, entre le drame intérieur, et une foule en fête, le même effacement, parmi les anonymes - Baptiste disparaît parmi les Pierrots en liesse, et le coup de feu qui assassine Robert se perd dans les bruits de pétards, en plein quatorze Juillet. Personnage fascinant, que ce Robert, qui fut Paulo, qui fut Edmond - un homme qui a changé d'identité, et s'est un peu perdu lui-même, pendant des années. Il fallait sortir du quotidien, courir après une promesse, pour retrouver la première identité, l'homme tout neuf, celui qui a pas beaucoup servi mais comme le rendez-vous manqué avec la mort par les deux amoureux, Robert reviendra chercher celle qu'il aime, au lieu de larguer les amarres vers d'autres atmosphères.
C'est drôle, au final, parce que ce que j'avais toujours vu comme un film poussiéreux, m'a semblé une oeuvre particulièrement vivante, où ça parle beaucoup, où ça bouge sans cesse. Il y a quelque chose d'immensément triste, dans ce film, quand on y pense, et sur le coup, on ne cesse de sourire ... Et en passant, on effleure ces thèmes éternels de l'identité, de l'amour impossible - ou pas - , de la culpabilité et des trahisons humaines. Il y avait quelque chose de rafraîchissant, à plonger dans ce film - que j'ai d'ailleurs revu quelques jours après l'avoir découvert. Conclusion facile : idéal pour changer d'atmosphère - Eh oui, nous aussi.